Avec le plan « France relance » lancé il y a deux ans par le gouvernement, la France entend relocaliser les entreprises françaises. 155 relocalisations ont eu lieu dans l’Hexagone, dont près de 90 relocalisations rien qu’en 2021. La délocalisation de la production a été la norme pour réduire les coûts, mais les crises récentes ont changé la donne. Les entreprises envisagent maintenant la relocalisation pour des raisons de qualité, sécurité, écologie et gestion des priorités. Mais cette tendance est-elle amenée à se confirmer ?
Pourquoi les entreprises réindustrialisent-elles ?
La crise sanitaire et les tensions internationales ont mis en lumière la vulnérabilité de l’industrie française en raison de sa forte dépendance à l’approvisionnement étranger. La nécessité de réindustrialiser en France et en Europe se fait de plus en plus pressante, tant pour des raisons écologiques que politico-commerciales.
Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises envisagent la relocalisation de leur production, attirées par de nombreux avantages tels que : la réduction des coûts de transport, le raccourcissement des délais de livraison (pensons à l’incident du canal de Suez), ou encore la coordination améliorée entre les créateurs, les bureaux d’étude et les équipes de production. De plus une meilleure gestion des risques et de la propriété intellectuelle, ainsi que des économies grâce à la suppression des taxes d’importation européennes font partie des arguments les plus communément mis en avant par les entreprises qui choisissent la relocalisation.
Les entreprises ont par ailleurs à cœur de s’inscrire de plus en plus dans une démarche RSE. Ainsi en choisissant la relocalisation de certaines productions, il est possible de réduire son empreinte carbone.
Relocalisation de la production dans les PME et ETI industrielles françaises
Bpifrance a récemment conduit une enquête portant sur l’innovation au sein des PME et ETI industrielles françaises, mettant en lumière des données intéressantes. D’après cette étude, les entreprises maintiennent une base de production prédominante en France, en collaboration avec des partenaires industriels nationaux. Ce qui est particulièrement frappant, c’est l’essor de la relocalisation, stimulée par des motivations à la fois économiques et environnementales notamment en 2021. Par exemple, 40 % des dirigeants interrogés indiquent par BPI estiment avoir déjà amorcé le processus de rapatriement de leurs activités sur le territoire français. L’enthousiasme pour la relocalisation industrielle est également clairement visible, si on prend en compte ce chiffre : 86 % des dirigeants sont convaincus que cette approche peut avoir un impact positif sur notre économie nationale. Révélateurs d’un changement significatif dans la façon dont les entreprises envisagent leur production, ces chiffres soulignent une préoccupation grandissante pour l’environnement et la nécessité de répondre à des impératifs locaux.
Cependant d’après une étude menée par Trendeo en 2022 « Il est encore trop tôt pour parler de réindustrialisation » cependant on a assisté en 2021 à une reprise importante notamment dans le secteur de l’industrie. D’après les déclarations du le fondateur de Trendeo, David Cousquer, pour l’AFP « un ralentissement » en 2022 reste à craindre en raison de signaux inquiétants comme : le risque de remontée des taux, l’inflation qui s’installe, et les ruptures d’approvisionnement avec la désorganisation des chaînes d’approvisionnement mondial qui durent.
Les défis de la réindustrialisation pour la supply chain
La réindustrialisation ne se fait pas sans difficultés. Elle nécessite des investissements conséquents et comporte des risques financiers. Pour réussir, certaines entreprises optent pour une réindustrialisation progressive, d’autres choisissent de relocaliser seulement certaines étapes d’assemblage. La réindustrialisation doit être un processus progressif, offrant une opportunité de modernisation des productions et d’amélioration de la flexibilité et permettra de reprendre le contrôle des processus et des coûts, tout en préservant la qualité et la satisfaction client.
Pour réussir cette transition complexe, il est crucial de mettre en place une planification collaborative, où les différentes parties prenantes travaillent ensemble de manière étroite. L’utilisation d’outils comme le Sales and Operations Planning (S&OP) est fortement recommandée, car elle permet d’aligner la stratégie globale de l’entreprise avec les opérations concrètes de la supply chain. Les entreprises qui surmontent avec succès ces défis peuvent non seulement se libérer de leur dépendance à l’approvisionnement étranger, mais aussi renforcer leur compétitivité, leur réactivité, et leur résilience sur le marché mondial.
La réindustrialisation, encouragée par des incitations économiques et des exigences environnementales, renforce la France en tant que pôle d’attractivité. Cependant, ce processus exige des investissements conséquents et comporte des risques financiers. Les entreprises les plus efficaces dans leur choix de réindustrialisation optent souvent pour une option progressive, en commençant par relocaliser les produits à forte valeur ajoutée ou des étapes d’assemblage, tout en maintenant une partie de leur activité à l’étranger. Cette stratégie met en lumière la nécessité de déployer des solutions notamment dans le secteur de la supply chain qui soient innovantes et efficaces.